Evaluation et Amélioration des Performances pour des Circuits Courts Alimentaires Durables : Une Approche basée sur la Simulation
Résumé :
Pour garantir leur viabilité et constituer une alternative concrète aux systèmes alimentaires traditionnels, il est essentiel que les circuits courts alimentaires de proximité (CCAP) identifient clairement leurs difficultés et limites afin d’y remédier. Une revue de littérature effectuée en 2022 nous a permis de constater que 93% des études pointent la logistique comme étant problématique pour les circuits courts. Les travaux de recherche sur ce point spécifique sont limités. De plus, les preuves scientifiques de l'impact des CCAP sur la durabilité ont été insuffisamment étudiés dans la littérature.
Une autre revue de littérature focalisée sur les indicateurs de performance utilisables pour les CCAP a ensuite été menée. Un set de KPIs a été sélectionné afin d’analyser les performances d’une association fonctionnant en CCAP. L'étude menée consiste à analyser comment des changements sur la conception du réseau logistique pourraient impacter la performance (sur différents aspects) d’une association travaillant en circuit court. Cette association lyonnaise, Arbralégumes, se trouve actuellement en difficulté financière et hésite entre différentes évolutions possibles pour pérenniser son activité. A l'aide d'outils comme la simulation, nous explorons différentes options qui permettent de garder les fondamentaux des circuits-courts (proximité entre consommateur et producteur...) tout en proposant un modèle plus soutenable. Ces options ont été définies en fonction d’opportunités réelles que l’association peut choisir de saisir, ou pas. De nombreuses itérations et discussions avec l’association ont donc jalonné ce travail de recherche. Nous avons participé aux conseils d’administration de l’association durant 3ans, aux assemblées générales et aux réunions avec la métropole concernant le projet « territoire à vivre » qui propose une mutualisation des moyens logistiques entre plusieurs associations de la région. Les études menées utilisent les données réelles de l’association, sur une période de 4 ans.
Trois scénarios ont émergé : (1) moins de collaboration : on supprime l’accord existant avec une autre association et on optimise le fonctionnement interne de l’association sans intégrer les contraintes liées à cette collaboration ; (2) plus de collaboration : on rejoint un projet de plus large envergure tout en gardant la collaboration actuelle ; (3) une collaboration différente : on rejoint un projet de plus large envergure sans garder la collaboration existante.
Nos résultats ont confirmé que la collaboration, y compris le partage des ressources physiques et humaines, constitue une voie prometteuse pour permettre le développement des CCAP en leur donnant accès aux ressources nécessaires et en améliorant leur efficacité. Grâce aux résultats de notre étude de simulation, nous avons également pu montrer que la viabilité économique des CCAP, ainsi que leur performance environnementale, peuvent être améliorées tout en respectant leurs valeurs sociales.
De nombreuses perspectives sont envisageables. Une étude plus poussée concernant la robustesse et la résilience de ces réseaux face aux perturbations comme les aléas climatiques permettrait de confirmer la faisabilité de ce nouveau paradigme sur un temps plus long. Une étude sur l’acceptabilité des projets de collaboration est également nécessaire. En l’état, le projet « territoire à vivre », malgré tous ses avantages, avait été jugé trop risqué par l’association. Nos conclusions ont incité les membres de l’association à revoir leur positionnement sur cette question, mais les freins restent bien ancrés. Une meilleure compréhension des facteurs induisant une si grande variabilité de la demande permettrait également de mieux anticiper et de gagner en efficience.